Aperçudu corrigĂ© : BERGSON. La PensĂ©e et le Mouvant (P.U.F.). Commentaire. PubliĂ© le : 20/2/2012-Format: Zoom. Ce texte est extrait de La PensĂ©e et le Mouvant (P.U.F.) pages 51-52. Dans la mesure oĂč ce livre est composĂ© d'essais et de confĂ©rences, les Ă©lĂšves qui dĂ©sirent lire un texte de Bergson peuvent fort bien commencer par lire celui-ci. Le libellĂ© du sujet indique le LaPensĂ©e et le Mouvant est un livre du philosophe français Henri Bergson, paru en 1934 chez FĂ©lix Alcan Ă  Paris.Il s'agit d'un recueil de IX articles prĂ©cĂ©demment parus entre 1903 et 1923, augmentĂ©s d'une introduction inĂ©dite qui reprĂ©sente un tiers de l'ouvrage.Il s'agit du dernier livre publiĂ© par Bergson. Il a Ă©tĂ© rééditĂ© en 1938 aux Presses universitaires de France, et benjaminwiik frĂšres et sƓurs; elle est toujours a lheure 9 lettres. invocation des 24 vieillards pdf ; spondylarthrite ankylosante et soins dentaires; second empire dĂ©mocratie; blog cuisine poisson; rever d'embrasser une celebrite. dĂ©livrance de liens d'Ăąmes; rĂ©sumĂ© le horla et six contes fantastiques la peur; Ű§ÙŠÙ‡Ù…Ű§ ŰŁÙŰ¶Ù„ Ù„Ù„ŰšŰŽŰ±Ű© فيŰȘŰ§Ù…ÙŠÙ† e ŰŁÙˆ c; texte bergson Ilexiste deux grandes problĂ©matiques. La question de l’accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ© est une idĂ©e trĂšs large traitĂ©e dans les chapitres sur la dĂ©monstration, l’interprĂ©tation, thĂ©orie et expĂ©rience. La Letexte que nous allons Ă©tudier est Ă©crit par Henri Bergson et est extrait de La PensĂ©e et Le Mouvant. Dans cet extrait, Bergson nous expose sa thĂšse qui est la suivante : le langage a pour fonction premiĂšre la communication, puis il nous explique plus prĂ©cisement Ă  quoi il sert mise Ă  part Ă  communiquer. Afin de comprendre son utilitĂ©, nous allons nous demander Vay Tiền Nhanh Chỉ Cáș§n Cmnd. CorrigĂ©s du BAC 2013 Philosophie Ces corrigĂ©s sont proposĂ©s gratuitement ils sont rĂ©digĂ©s par des professeurs de l'Education Nationale CorrigĂ© dissertation BAC S Peut-on agir moralement sans s’intĂ©resser Ă  la politique? CorrigĂ© dissertation BAC S Le travail permet-il de prendre conscience de soi ? Explication de texte extrait de La pensĂ©e et le mouvant, de Bergson. Qu’est-ce qu’un jugement vrai ? Nous appelons vraie l’affirmation qui concorde avec la rĂ©alitĂ©. Mais en quoi peut consister cette concordance ? Nous aimons Ă  y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modĂšle l’affirmation vraie serait celle qui copierait la rĂ©alitĂ©. RĂ©flĂ©chissons-y cependant nous verrons que c’est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette dĂ©finition du vrai trouve son application. Ce qui est rĂ©el, c’est tel ou tel fait dĂ©terminĂ© s’accomplissant en tel ou tel point de l’espace et du temps, c’est du singulier, c’est du changeant. Au contraire, la plupart de nos affirmations sont gĂ©nĂ©rales et impliquent une certaine stabilitĂ© de leur objet. Prenons une vĂ©ritĂ© aussi voisine que possible de l’expĂ©rience, celle-ci par exemple la chaleur dilate les corps ». De quoi pourrait-elle bien ĂȘtre la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d’un corps dĂ©terminĂ© Ă  des moments dĂ©terminĂ©s, en la photographiant dans ses diverses phases. MĂȘme, par mĂ©taphore, je puis encore dire que l’affirmation cette barre de fer se dilate » est la copie de ce qui se passe quand j’assiste Ă  la dilatation de la barre de fer. Mais une vĂ©ritĂ© qui s’applique Ă  tous les corps, sans concerner spĂ©cialement aucun de ceux que j’ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien. Vous cherchez un professeur de philosophie ? 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Bien que chacun de nous soit une personne sĂ©parĂ©e des autres, et dont, par consĂ©quent, les intĂ©rĂȘts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu’on ne saurait subsister seul, et qu’on est, en effet, l’une des parties de l’univers, et plus particuliĂšrement encore l’une des parties de cette terre, l’une des parties de cet Etat, de cette sociĂ©tĂ©, de cette famille, Ă  laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours prĂ©fĂ©rer les intĂ©rĂȘts du tout, dont on est partie, Ă  ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrĂ©tion1, car on aurait tort de s’exposer Ă  un grand mal, pour procurer seulement un petit bien Ă  ses parents ou Ă  son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n’aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout Ă  soi-mĂȘme, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu’on croirait en retirer quelque petite commoditĂ©, et on n’aurait aucune vraie amitiĂ©, ni aucune fidĂ©litĂ©, ni gĂ©nĂ©ralement aucune vertu ; au lieu qu’en se considĂ©rant comme une partie du public, on prend plaisir Ă  faire du bien Ă  tout le monde, et mĂȘme on ne craint pas d’exposer sa vie pour le service d’autrui, lorsque l’occasion s’en prĂ©sente. Sujets du BAC sĂ©rie ES BAC 2013 CorrigĂ© dissertation BAC ES Que devons-nous Ă  l’Etat ? CorrigĂ© dissertation BAC ES InterprĂšte-t-on Ă  dĂ©faut de connaĂźtre ? Explication de texte extrait de De la concorde, de Saint-Anselme. "Prenons maintenant un exemple oĂč apparaissent une volontĂ© droite, c’est-Ă -dire juste, la libertĂ© du choix et le choix lui-mĂȘme ; et aussi la façon dont la volontĂ© droite, tentĂ©e d’abandonner la rectitude, la conserve par un libre choix. Quelqu’un veut du fond du coeur servir la vĂ©ritĂ© parce qu’il comprend qu’il est droit d’aimer la vĂ©ritĂ©. Cette personne a, certes, la volontĂ© droite et la rectitude de la volontĂ© ; mais la volontĂ© est une chose, la rectitude qui la rend droite en est une autre. Arrive une autre personne la menaçant de mort si elle ne ment. Voyons maintenant le choix qui se prĂ©sente de sacrifier la vie pour la rectitude de la volontĂ© ou la rectitude pour la vie. Ce choix, qu’on peut aussi appeler jugement, est libre, puisque la raison qui perçoit la rectitude enseigne que cette rectitude doit ĂȘtre observĂ©e par amour de la rectitude elle-mĂȘme, que tout ce qui est allĂ©guĂ© pour son abandon doit ĂȘtre mĂ©prisĂ© et que c’est Ă  la volontĂ© de repousser et de choisir selon les donnĂ©es de l’intelligence rationnelle ; c’est dans ce but principalement, en effet, qu’ont Ă©tĂ© donnĂ©es Ă  la crĂ©ature raisonnable la volontĂ© et la raison. C’est pourquoi ce choix de la volontĂ© pour abandonner cette rectitude n’est soumis Ă  aucune nĂ©cessitĂ© bien qu’il soit combattu par la difficultĂ© nĂ©e de la pensĂ©e de la mort. Quoiqu’il soit nĂ©cessaire, en effet, d’abandonner soit la vie, soit la rectitude, aucune nĂ©cessitĂ© ne dĂ©termine cependant ce qui est conservĂ© ou abandonnĂ©. La seule volontĂ© dĂ©termine ici ce qui est gardĂ© et la force de la nĂ©cessitĂ© ne fait rien lĂ  oĂč le seul choix de la volontĂ© opĂšre." RĂ©sumĂ© Le but de cet article est de montrer que l’étude minutieuse du trajet de la notion de bon sens dans la pensĂ©e de Bergson, au croisement de rĂ©flexions sur le normal psychologique, les normes sociales, et l’action morale, rĂ©vĂšle au sein de son Ɠuvre un ensemble de profondes tensions entre la question de la nature de la santĂ© mentale et de celle de l’aptitude morale. Haut de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 1La notion de bon sens, mentionnĂ©e explicitement dans la plupart des ouvrages de Bergson, depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusqu’aux Deux sources de la morale et de la religion, ne constitue pas Ă  proprement parler un concept central de la pensĂ©e bergsonienne, ne serait-ce qu’en vertu du peu d’importance qui lui est, quantitativement, accordĂ©. Cela dit, aprĂšs l’avoir examinĂ©e pour la premiĂšre fois en dĂ©tail dans le discours de remise des prix du concours gĂ©nĂ©ral prononcĂ© le 30 juillet 1895 et intitulĂ© Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson n’aura de cesse de revenir sur la dĂ©finition de cette notion et sur la description de la rĂ©alitĂ© Ă  laquelle elle renvoie. L’étude de cette notion a donnĂ© lieu Ă  des interprĂ©tations trĂšs diffĂ©rentes chez les commentateurs et il semble que cela soit dĂ» Ă  deux facteurs premiĂšrement, cherchant pour la plupart Ă  considĂ©rer la notion de bon sens comme un bloc homogĂšne malgrĂ© certaines contradictions manifestes entre les diffĂ©rents ouvrages, ils n’ont pas assez pris en compte les Ă©volutions et modifications qui ont marquĂ© le trajet de la notion de bon sens dans le corpus bergsonien depuis le discours de 1895. DeuxiĂšmement, il semble que la plupart d’entre eux ait accordĂ© une trop faible importance Ă  la distinction que Bergson opĂšre dans Les deux sources de la morale et de la religion, entre un bon sens ordinaire et un bon sens qu’il dĂ©signe comme bon sens supĂ©rieur ». Ainsi, sans cĂ©der Ă  la tentation de produire une exposition plus systĂ©matique de la doctrine et aussi l’apparence d’une clartĂ© supĂ©rieure »1, nous souhaiterions mettre en avant le fait que l’examen attentif des variations subies par la notion de bon sens permet de mettre en lumiĂšre le trajet de la pensĂ©e de Bergson elle-mĂȘme en ce qui concerne la question de l’action juste et plus largement, du champ de l’activitĂ© morale. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, L’énergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, c’est veiller, c’est vivre la vie psy ... 2En effet on peut remarquer, dĂšs le discours de 1895, l’entrecroisement de deux lignes dans la dĂ©finition du bon sens il est posĂ© Ă  la fois comme une santĂ© mentale, comme le bon fonctionnement de l’esprit qui permet son adaptation souple, sa disponibilitĂ© Ă  l’égard d’une rĂ©alitĂ© se renouvelant sans cesse, mais aussi comme un instrument, avant tout, de progrĂšs social »2, mu par ce que Bergson dĂ©signe comme l’esprit de justice ». Cette binaritĂ© est reprise dans la lettre Ă  O. GĂ©rard, prĂ©ambule du discours dans l’édition des MĂ©langes le bon sens est la facultĂ© de raisonner juste, non seulement sur ses propres affaires, mais encore et surtout sur celles du pays »3, le bon sens Ă©tant caractĂ©risĂ© Ă  la fois par la justesse de son adaptation et la justice de son action. Or, il apparaĂźt trĂšs vite que les ouvrages immĂ©diatement ultĂ©rieurs ne reprennent et n’approfondissent que la premiĂšre dimension de cette dĂ©finition, faisant du bon sens une forme originale de santĂ© mentale, pensĂ©e comme effort et comme Ă©quilibre. À partir du Rire puis dans l’Évolution crĂ©atrice, cette caractĂ©risation du bon sens comme vie psychologique normale »4 s’enrichit d’une rĂ©flexion sur la dimension proprement sociale de la rĂ©alitĂ© humaine le bon sens, sens social dĂ©fini comme souple disponibilitĂ© Ă  l’égard de la fluiditĂ© des Ă©changes humains, intĂšgre Ă  prĂ©sent un certain nombre de normes et de paramĂštres sociaux dans son fonctionnement. C’est cette dĂ©pendance du normal psychologique Ă  l’égard des normes sociales que nous envisagerons dans un premier temps. 3C’est seulement dans Les deux sources de la morale et de la religion, sur la base d’une rĂ©flexion sociologique renouvelĂ©e qui distingue Ă  prĂ©sent deux types de sociĂ©tĂ©s c’est-Ă -dire, deux types de rapports entre individus et normes sociales et deux types de justices, que le bon sens retrouve la dimension morale comme facteur de progrĂšs social produisant des actions justes que le discours lui prĂȘtait. Mais ce retour ne se fait qu’au prix de la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire qui permet, certes, de rĂ©soudre les difficultĂ©s posĂ©es par le discours de 1895, en expliquant par le bon sens supĂ©rieur » la possibilitĂ© d’une action crĂ©atrice de normes, mais qui semble cependant remettre en question la dĂ©finition du normal psychologique donnĂ©e prĂ©cĂ©demment, ou qui suggĂšre tout du moins l’existence d’un conflit latent entre la morale et le normal dans la pensĂ©e bergsonienne. Nous examinerons donc en second lieu cette distinction capitale, qui met d’autant plus en jeu le rapport de la dĂ©finition du normal » Ă  la problĂ©matique morale selon laquelle l’individu moral, le mystique, est un individu anormal en au moins deux sens, qui se trouvaient au cƓur du bon sens ordinaire d’une part, en Ă©chappant Ă  l’égoĂŻsme et la loi du talion qui prĂ©valent dans la sociĂ©tĂ© close, il ne s’adapte plus aux normes sociales mais les modifie ; et d’autre part, sa singularitĂ© s’exprime par des manifestations pathologiques, qu’elles soient appelĂ©es dĂ©lire mystique ou perceptions anormales ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, ƒuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [l’impulsif ... 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă  la vie », ƒuvres, op. cit., p. 475 ... 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296‑302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127‑128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous ... 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore n’attribuer Ă  l’aliĂ©nation que des causes biologique ... 4 Un bref examen du bon sens tel qu’il est caractĂ©risĂ© depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusqu’à l’Évolution crĂ©atrice permet de voir combien le normal, la santĂ© mentale qu’il incarne, est dĂ©terminĂ© par les exigences vitales et sociales Ă  partir de MatiĂšre et MĂ©moire, le bon sens apparaĂźt en effet Ă  la fois comme un Ă©quilibre psychologique entre deux tendances ennemies de l’action, la tendance corporelle Ă  l’automatisme et la tendance spirituelle au rĂȘve5, et comme effort d’attention Ă  la rĂ©alitĂ©6. Il est en effet prĂ©sentĂ© comme une tension visant Ă  tenir Ă  Ă©gale distance les souvenirs issus des deux pĂŽles opposĂ©s du moi que sont la mĂ©moire corporelle et la mĂ©moire pure et qui cherchent Ă  s’insĂ©rer dans la perception prĂ©sente. Agissant en amont du travail discriminant de la conscience en laiss[ant] tous les souvenirs dans le rang »7, le bon sens dĂ©blaie le terrain Ă  partir duquel celle-ci sĂ©lectionnera, en s’appuyant sur les formes motrices, la schĂ©matisation des souvenirs purs, les lois du rappel et la condition gĂ©nĂ©rale de ressemblance, le souvenir apte Ă  s’intĂ©grer profitablement Ă  la perception prĂ©sente pour l’informer. En tant que sens pratique », il est gage de souplesse dans la prise en compte de la rĂ©alitĂ© prĂ©sente et muselle la tendance Ă  agir mĂ©caniquement, sous l’impulsion de la reconnaissance automatique qu’a la mĂ©moire habitude des idĂ©es gĂ©nĂ©rales »8 dans la perception. En tant que sens du rĂ©el »9, il est liĂ© Ă  la veille et est un effort de tension contre l’évasement, la diffusion des souvenirs purs qui caractĂ©rise la dĂ©rive pathologique de Don Quichotte, en qui la mĂ©moire pure a pris l’ascendant et qui, au lieu d’utiliser ses souvenirs pour percevoir de maniĂšre adaptĂ©e, se sert au contraire de ce qu’il perçoit pour donner un corps au souvenir prĂ©fĂ©rĂ© »10. En tant qu’ oubli rĂ©glementĂ© et durable, [
] art de liquider son passĂ© »11, le bon sens s’insĂšre dans une conception du normal fondĂ©e sur l’idĂ©e que la santĂ© mentale rĂ©sulte d’un effort de tension qui s’écarte donc par degrĂ©s du pathologique qui peut rĂ©sulter alors d’une forme de paresse psychologique telle qu’elle a Ă©tĂ© identifiĂ©e par Pierre Janet chez les psychasthĂ©niques12, telle qu’elle s’exprime surtout Ă  partir de l’Energie spirituelle13. Par cet effort de tension, l’individu se rend capable de fournir une rĂ©ponse ajustĂ©e aux circonstances et Ă  ce que requiert la situation, le bon sens est donc liĂ© aux exigences vitales qui dĂ©terminent l’adaptation de l’individu, la survie individuelle. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de l’u ... 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 5MĂȘme si Bergson distinguait dĂ©jĂ  dans le discours de 1895 le milieu naturel, domaine d’action des sens, du milieu social », domaine d’action du bon sens, c’est seulement Ă  partir du Rire qu’il entame une analyse de la dimension proprement sociale de l’existence, et c’est aussi dans cet ouvrage que le bon sens, dont l’opposĂ© est dĂ©sormais le comique [qui] exprime avant tout une certaine inadaptation particuliĂšre de la personne Ă  la sociĂ©tĂ© »14, se prĂ©cise sous l’aspect d’une adaptation au rĂ©el dans sa dimension sociale. Cet aspect de la notion se retrouve, trĂšs fortement accentuĂ©, dans Les deux sources, oĂč le bon sens est non seulement dĂ©crit comme sens social » mais encore caractĂ©risĂ© comme innĂ© Ă  l’homme normal »15 cette innĂ©itĂ© qui Ă©quivaut Ă  la prĂ©figuration de la sociĂ©tĂ© dans l’individu »16, s’explique par la nĂ©cessitĂ© pour la nature de donner Ă  l’homme des directives, au moins gĂ©nĂ©rales, pour la coordination de sa conduite Ă  celle de ses semblables »17. Aussi, s’il n’y a nul doute que notre structure psychologique ne tienne Ă  la nĂ©cessitĂ© de conserver et de dĂ©velopper la vie individuelle et sociale »18, cela signifie que le bon sens embrasse dans sa comprĂ©hension de la situation prĂ©sente la comprĂ©hension des normes qui rĂ©gissent l’agir en sociĂ©tĂ© et, par consĂ©quent, que celles-ci s’intĂšgrent Ă  ce qui fait chez Bergson la santĂ© mentale. Ainsi, le dĂ©lire d’interprĂ©tation » qui se caractĂ©rise par une incapacitĂ© Ă  comprendre le comportement d’autrui, rĂ©sulterait, selon Les deux sources, d’un dĂ©faut de bon sens qui s’expliquerait in fine par une insuffisance psychique [
] congĂ©nitale »19. Le bon sens prend donc ici les traits d’une prĂ©disposition Ă  s’adapter avec fluiditĂ© aux impĂ©ratifs sociaux, c’est-Ă -dire d’une souplesse adaptative prĂ©dĂ©terminĂ©e, point qui marque sans conteste une originalitĂ© de la pensĂ©e biologique et sociologique bergsonienne. 20 Le Rire, op. cit., p. 457‑458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 6DĂ©jĂ , Ă  travers les mutations subies entre l’Essai et le Rire par la notion de caractĂšre » qui devient dans le Rire ce qu’il y a de tout fait dans notre personne, ce qui est en nous Ă  l’état de mĂ©canisme une fois montĂ©, capable de fonctionner automatiquement »20, apparaĂźt une tension entre l’idĂ©e, exprimĂ©e dans le discours, que le bon sens aurait partie liĂ©e avec la libertĂ© du moi telle qu’elle Ă©tait Ă©voquĂ©e par l’Essai, et sa dĂ©finition comme capacitĂ© de souple adaptation sociale dans le Rire. En effet, il faut remarquer non seulement que cette adaptation Ă  la mouvance de la rĂ©alitĂ© sociale aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© jugĂ©e automatique du point de vue de l’Essai en tant qu’émanant des couches superficielles du moi comme dans le fameux exemple du rĂ©veil, mais encore que la critique de l’automatisme dans le Rire effectue un renversement puisqu’elle n’est plus tournĂ©e contre ce qu’une action peut avoir d’impersonnel mais bien contre ce qu’elle peut avoir de trop personnel au dĂ©triment d’une prise en compte des autres est comique le personnage qui suit automatiquement son chemin sans se soucier de prendre contact avec les autres »21 et qui nĂ©glige de regarder autour de soi »22. S’il est possible de considĂ©rer, pour rĂ©soudre cette tension, que le bon sens a partie liĂ©e avec la transition du moi profond vers le moi superficiel, nĂ©cessaire Ă  l’insertion de l’esprit dans la matiĂšre en amont de l’insertion dans une situation sociale, il n’empĂȘche qu’elle apparaĂźtra Ă  nouveau dans la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur, sous la forme d’une tension entre une impulsion venue du moi profond et s’imposant Ă  l’extĂ©rieur et une impulsion venue de l’extĂ©rieur s’imposant, en le solidifiant, au moi profond. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă  la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discour ... 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452‑453. 7Si la description du bon sens ordinaire a mis hors-jeu la problĂ©matique de la justice et de l’action morale en charge du progrĂšs social telle qu’elle Ă©tait exprimĂ©e dans le discours de 1895 et qui rappelait le lien Ă©tabli par Descartes entre bon sens et recherche d’une vĂ©ritĂ© pratique23, c’est prĂ©cisĂ©ment d’une part parce que le principe selon lequel le vital engendrerait le social qui engendrerait Ă  son tour le normal, que Bergson pose au fondement mĂȘme de sa dĂ©finition de la santĂ© mentale, contribue Ă  substituer Ă  la problĂ©matique de la justice de l’action celle de la justesse de l’adaptation. D’autre part, cela est incontestablement liĂ© Ă  l’examen du fonctionnement de la vie sociale auquel Bergson se livre dans Le Rire puis dans Les deux sources, et qui lui a permis d’affirmer dĂšs le premier de ces ouvrages qu’ ĂȘtre en rĂšgle avec la stricte morale » n’a rien Ă  voir avec le fait de se mettre en rĂšgle avec la sociĂ©tĂ© »24 le bon sens, devenu facultĂ© d’adaptation souple au rĂ©el social et d’insertion bien ajustĂ©e dans le tissu humain, apparaĂźt dĂ©finitivement liĂ© Ă  cette seconde opĂ©ration. Reste Ă  prĂ©sent Ă  examiner, sur la base mĂȘme de cette dĂ©finition de la santĂ© mentale et de son lien avec la vie sociale, comment la notion de bon sens supĂ©rieur se trouve au cƓur d’un renversement de la pensĂ©e bergsonienne prenant corps dans Les deux sources et qui a pour but de rendre possible l’action morale. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sourc ... 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 8C’est parce que le bon sens est au cƓur de la rĂ©flexion bergsonienne sur le rapport de l’individu aux normes sociales et sur la justice que l’étude de cette notion permet d’aborder sous un jour nouveau l’itinĂ©raire et l’évolution de la pensĂ©e bergsonienne concernant l’action juste. Cette problĂ©matique, laissĂ©e de cĂŽtĂ© de MatiĂšre et MĂ©moire Ă  l’Évolution crĂ©atrice, rĂ©apparaĂźt dans Les deux sources et la plupart de ce qui Ă©tait posĂ© Ă  titre de postulat dans le discours de 1895 y est repris, repensĂ© et intĂ©grĂ© Ă  la problĂ©matique plus vaste d’une rĂ©flexion sur les rapports qui unissent morale et sociĂ©tĂ©. Le discours de 1895 apparaĂźt donc comme un programme, un ensemble d’intuitions abandonnĂ©es en l’absence d’un appareillage conceptuel suffisant. Il est important de souligner les correspondances qui existent entre les deux Ɠuvres pour mieux comprendre ce qui explique l’abandon puis la reprise de la problĂ©matique morale dans la dĂ©finition de la notion de bon sens dans l’Ɠuvre de Bergson. Ainsi, l’idĂ©e d’une action de bon sens orientĂ©e vers le progrĂšs de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© Ă©tait soutenue dans le discours par le pressentiment d’un lien unissant principe de la vie et capacitĂ© Ă  produire des actions justes et progressistes de la part de l’individu de bon sens. Bergson y affirmait en effet de la notion de bon sens si elle porte ainsi avec elle l’intelligence de la vie, c’est sans doute qu’elle en a touchĂ© le principe »25, cette idĂ©e essentielle d’un fondement de la morale dans la prise de contact avec le principe de la vie se retrouve dans Les deux sources oĂč Bergson Ă©voque au sujet des agents du progrĂšs humain l’action de l’élan de la vie, cet Ă©lan mĂȘme, communiquĂ© intĂ©gralement Ă  des privilĂ©giĂ©s qui voudraient alors l’imprimer Ă  l’humanitĂ© entiĂšre »26. Et de fait, Ă  l’idĂ©e exprimĂ©e dans le discours selon laquelle il est rare que la nature produise spontanĂ©ment une Ăąme affranchie et maĂźtresse d’elle-mĂȘme, une Ăąme accordĂ©e Ă  l’unisson de la vie »27, rĂ©pond l’affirmation des Deux sources selon laquelle les mystiques et les ĂȘtres novateurs constituent en eux-mĂȘmes une espĂšce nouvelle composĂ©e d’un individu unique »28. En outre, la dĂ©finition du bon sens comme ignorance consciente d’elle-mĂȘme »29 dans le discours de 1895 trouve un Ă©cho dans la dĂ©finition du bon sens supĂ©rieur donnĂ©e dans les Deux sources comme innocence acquise », Bergson ajoutant dans les deux cas que cette ignorance doit s’accompagner d’un effort. LĂ  n’est sans doute pas pourtant le plus important en effet, la principale difficultĂ© du discours est l’affirmation selon laquelle le bon sens produit irrĂ©mĂ©diablement les actions les plus justes possibles30 dans un contexte donnĂ©, sans qu’il consiste pourtant ni dans une expĂ©rience plus vaste, ni dans des souvenirs mieux classĂ©s, ni mĂȘme, plus gĂ©nĂ©ralement, dans une logique plus rigoureuse »31, arguant qu’il choisit la meilleure solution Ă  une situation donnĂ©e parce qu’il peut en prĂ©voir [l]es consĂ©quences, ou plutĂŽt les pressentir »32. La question de l’infaillibilitĂ© morale de l’action de bon sens est finalement abordĂ©e Ă  nouveau par Bergson lorsqu’il Ă©voque dans Les deux sources le bon sens supĂ©rieur des mystiques, en termes de discernement prophĂ©tique du possible et de l’impossible »33 qui fournit du premier coup la dĂ©marche utile, l’acte dĂ©cisif, le mot sans rĂ©plique »34. De plus, on retrouve enfin clairement exprimĂ©e l’idĂ©e que le bon sens est, comme on pouvait le lire dans le discours, un instrument de progrĂšs social »35, puisque Bergson, qui fait du bon sens supĂ©rieur l’apanage des mystiques, gratifie ceux-ci d’une capacitĂ© essentielle Ă  pousser l’humanitĂ© en avant »36. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de p ... 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175‑176. 9Si Bergson, aprĂšs le discours, avait Ă©cartĂ© au profit d’une rĂ©flexion sur la santĂ© mentale cette problĂ©matique de l’action morale qu’il retrouvera dans Les deux sources, c’est peut ĂȘtre Ă  cause de l’insuffisance des outils conceptuels dont il disposait en matiĂšre d’analyse des rapports entre morale et sociĂ©tĂ© en 1895, dans la mesure oĂč il n’avait pas analysĂ© les liens que la sociĂ©tĂ© entretient avec le dĂ©veloppement d’une morale. En effet, la rĂ©flexion sociologique qui sous-tend le discours de 1895 semble assez irrĂ©aliste poussĂ©e jusqu’au bout, elle implique que, n’était le pouvoir pĂ©trificateur de l’intelligence, l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, guidĂ© par le bon sens, agirait toujours non seulement de maniĂšre parfaitement adaptĂ©e Ă  la situation prĂ©sente mais encore toujours en vue du plus grand bien et du plus grand progrĂšs social, Ă©tant constamment animĂ© par l’ esprit de justice »37. Cette conception optimiste qui attribue comme principe Ă  la vie sociale ce mĂȘme esprit de justice », puisqu’on ne peu[t] [s]e reprĂ©senter ces volontĂ©s associĂ©es sans une fin derniĂšre raisonnable »38, a cĂ©dĂ© le pas dans les Ɠuvres ultĂ©rieures Ă  une analyse de l’origine vitale de la vie sociale orientĂ©e vers la survie de l’espĂšce et qui dĂ©termine, par ses normes, l’apprĂ©hension du rĂ©el il semble donc que ce soit une modification au sein mĂȘme de la rĂ©flexion bergsonienne sur la sociĂ©tĂ©, ses normes, et le rapport des individus Ă  ces normes, qui a dĂ» prĂ©sider au destin de la notion de bon sens dans son Ɠuvre. Si le discours de 1895 distinguait en passant une justice abstraite » d’une justice incarnĂ©e dans l’homme juste »39 la premiĂšre Ă©tant discrĂ©ditĂ©e au profit de la seconde, pour pouvoir penser l’acte vĂ©ritablement moral, cette distinction n’était pas assez prĂ©cise, ne s’appuyant pas sur l’arriĂšre-plan sociologique Ă©laborĂ© dans Les deux sources qui seul permet, en distinguant la sociĂ©tĂ© close de la sociĂ©tĂ© ouverte, de distinguer par lĂ  mĂȘme deux vĂ©ritables types de justices une justice relative et une justice absolue. C’est cette distinction qui permet en effet de rĂ©soudre le paradoxe du bon sens comme Ă©tant Ă  la fois un sens de l’adaptation au rĂ©el social mais aussi une aspiration innĂ©e au progrĂšs au sein de chaque individu, puisqu’elle permet de lier la premiĂšre tendance Ă  la justice relative, celle dont le fondement est Ɠil pour Ɠil, dent pour dent et qui s’exprime dans la dimension close de la sociĂ©tĂ© puisque la raison d’ĂȘtre de la morale close est, comme l’ont soulignĂ© certains, l’adaptation de l’individu40. La seconde est dĂ©sormais liĂ©e Ă  une justice absolue, qui fonde une morale de l’aspiration, elle-mĂȘme visant l’avĂšnement d’une sociĂ©tĂ© ouverte. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 10En outre, dans Les deux sources, Bergson expose une double conception du rapport de l’individu aux normes sociales en ce qui concerne la sociĂ©tĂ© de type clos, les normes sociales agissent sur l’individu dans la mesure oĂč elles poussent son moi profond Ă  se solidifier en s’extĂ©riorisant, processus auquel, nous l’avons vu, le bon sens ordinaire n’est pas Ă©tranger, mais l’idĂ©e d’une sociĂ©tĂ© ouverte permet de briser le cercle dans lequel tournoie l’espĂšce humaine, prise dans la circularitĂ© close, en permettant de penser l’influence de l’individu d’exception, ayant presque par miracle Ă©chappĂ© Ă  l’obsession de l’utilitĂ© vitale, sur la sociĂ©tĂ©, par le biais de la crĂ©ation de valeurs morales. À un mouvement passif de rĂ©ception et d’intĂ©gration des normes afin de bien s’insĂ©rer dans le rĂ©el, analysĂ© dans le Rire et l’Évolution crĂ©atrice, peut succĂ©der un mouvement de projection hors de soi qui modifie en retour le rĂ©el, mouvement requis par les thĂšses du discours de 1895. La distinction entre une sociĂ©tĂ© close et une sociĂ©tĂ© ouverte est ce qui permet Ă  Bergson de comprendre Ă  nouveau le bon sens comme une poussĂ©e vers le progrĂšs moral guidĂ©e, comme le voulait le discours de 1895, par l’esprit de justice qui lui montre les injustices Ă  corriger et le bien Ă  faire »41. En effet, le bon sens supĂ©rieur recherche non pas l’adaptation Ă  des normes prĂ©existantes en vue de favoriser la survie individuelle, mais bien une action en retour sur la sociĂ©tĂ©, l’établissement de normes radicalement nouvelles dont le principe est dĂ©sormais le contraire de celui d’utilitĂ©, Ă  savoir la justice absolue fondĂ©e sur l’amour. Le bon sens supĂ©rieur, loin de recevoir passivement une stimulation Ă  l’action Ă©manant des impĂ©ratifs vitaux et sociaux de la situation prĂ©sente, loin de fournir seulement une rĂ©ponse aux questions posĂ©es par son environnement, prĂ©cĂšde toute sollicitation extĂ©rieure et vise Ă  imposer dans la rĂ©alitĂ© commune la rĂ©ponse Ă  une sollicitation Ă©manant du fond de l’individu. Il est ainsi un goĂ»t de l’action » mis en jeu lorsque le mystique choisit de diffuser son esprit dans la matĂ©rialitĂ© et est encore, Ă  ce titre, comme le bon sens ordinaire, une capacitĂ© de s’adapter et se rĂ©adapter »42 Ă  la mouvance du rĂ©el. Cependant sa visĂ©e n’est plus l’ajustement aux exigences vitales mais bien, comme le voulait le discours, la production de la plus grande somme de bien »43. Ce n’est qu’au prix de la transformation du bon sens en un bon sens supĂ©rieur, appuyĂ© sur une justice absolue et non plus relative, et supĂ©rieur » puisqu’entre temps le bon sens avait Ă©tĂ© dĂ©fini comme santĂ© mentale, que Bergson a pu en 1932 retrouver ce qu’il avait seulement supposĂ© en 1895. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de l’éducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă  conduire le ... 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [
] s ... 46 Ibid., p. 1060. 11Si elle permet de valider, par-delĂ  l’analyse du bon sens comme santĂ© mentale, les conclusions du discours de 1895, la distinction entre bon sens ordinaire, conduite sociale normale, et bon sens supĂ©rieur, conduite morale modifiant les normes sociales, est aussi l’annonce d’un changement dans la pensĂ©e morale bergsonienne. En effet, Ă  prĂ©sent, seul un nombre restreint de personnalitĂ©s gĂ©niales possĂšde le pouvoir de faire progresser la sociĂ©tĂ© que le discours de 1895 attribuait, Ă  travers le bon sens comme santĂ© de l’esprit, Ă  chaque individu, Ă  quelques degrĂ©s prĂšs de dispositions44. Ainsi, l’humanitĂ© ordinaire est rĂ©duite, en ce qui concerne la vĂ©ritable morale, Ă  un rĂŽle passif d’imitation des grands modĂšles45, imitation qui devient dĂšs lors, pour elle, le fondement de l’action morale et juste pour qui est dĂ©pourvu de gĂ©niale crĂ©ativitĂ© cette passivitĂ© est tout juste corrigĂ©e par l’idĂ©e que cette imitation peut aussi se faire communication de l’élan et ĂȘtre l’occasion d’une Ă©closion puisqu’il peut y avoir en nous un mystique qui sommeille et qui attend seulement une occasion de se rĂ©veiller »46. Si le bon sens du discours trouve sa formulation finale dans le bon sens supĂ©rieur, alors l’espoir en un homme nouveau est interdit, puisque seule une Ă©lite morale, celle des mystiques et des ĂȘtres dotĂ©s du bon sens supĂ©rieur, peut constituer une espĂšce nouvelle, chaque fois rĂ©duite Ă  un individu unique. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur l’analyse de la rupture d’ ... 48 Cf. Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 12Le postulat de l’infaillibilitĂ© du bon sens Ă  toujours produire l’action la plus juste, repris du discours dans Les deux sources, demande Ă  ĂȘtre interrogĂ©, et la question du fondement de la justice de l’action se pose d’autant plus Ăąprement que, dans Les deux sources, Bergson rejette fermement aussi bien la tentative kantienne de fonder la morale dans la logique ou ce qu’il voit comme tel47 que les thĂ©ories de type platonicien faisant dĂ©river la justice de l’idĂ©e de Bien. En tant qu’instance poussant Ă  accomplir irrĂ©mĂ©diablement l’action la plus juste, il pourrait rappeler l’eustochia aristotĂ©licienne, ou la justesse de coup d’Ɠil »48 portĂ© sur la situation, qui se passe de raisonnement, cependant, le fait que Bergson refuse de faire dĂ©river le bon sens de l’habitude ou de l’expĂ©rience contredit ce rapprochement. Notons en tout cas que le fondement de l’excellence de l’action de bon sens semble reposer, suivant un schĂ©ma tout aristotĂ©licien, sur l’excellence de l’agent qui dispose d’un bon sens supĂ©rieur, qu’elle contribue Ă  exprimer en retour. Dans la mesure mĂȘme oĂč l’aspiration essentiellement morale du mystique ou du hĂ©ros prĂ©cĂšde sa tendance Ă  accomplir des actions morales, et que la crise mystique n’est pas l’expression du bon sens supĂ©rieur mais ce qui prĂ©cĂšde son apparition, c’est en dĂ©finitive de l’excellence morale ou aspiration Ă  la justice absolue que dĂ©rive la justice de l’action rĂ©alisĂ©e par le bon sens supĂ©rieur. Or dans la mesure oĂč le bon sens supĂ©rieur se caractĂ©rise par un certain dĂ©tachement Ă  l’égard des exigences biologiques Ă©goĂŻstement utilitaires Ă  la fois vitales et sociales dans leur dimension close, dĂ©tachement liĂ© au fait que, mĂȘme si nous trouvons [la sociĂ©tĂ©] prĂ©sente en nous », sa prĂ©sence est plus ou moins marquĂ©e selon les individus »49, l’apparition de l’aspiration morale est due, comme le souligne Bergson, Ă  une sorte de hasard vital comparable Ă  celui qui prĂ©side, dans le Rire, Ă  l’apparition des artistes50. Si la justesse de son ajustement Ă  la situation prĂ©sente est encore le signe du lien qu’entretient le bon sens supĂ©rieur avec les exigences vitales circulaires de la survie en sociĂ©tĂ© close, la justice de ce qu’il vise Ă  produire a partie liĂ©e avec le vital au sens de la constante marche de l’élan, procĂ©dant par bonds, vers la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© ouverte. C’est en cela que le bon sens supĂ©rieur est rĂ©vĂ©lateur au sein de la pensĂ©e bergsonienne de ce qu’on pourrait appeler la contradiction du vital », c’est-Ă -dire la coexistence en son sein de l’élan et de la retombĂ©e. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă  la partie la plus intime de lui-mĂȘme que l’individu retrouve quand ... 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 13Cette contradiction logĂ©e au cƓur de la distinction entre les deux bons sens se retrouve dans l’expression de contradiction rĂ©alisĂ©e », employĂ©e par Bergson pour dĂ©signer la capacitĂ© des mystiques Ă  convertir en effort crĂ©ateur cette chose créée qu’est une espĂšce, faire un mouvement de ce qui est par dĂ©finition un arrĂȘt »51. Si l’aspiration morale, qui brise le cercle dans lequel tournent les individus et la sociĂ©tĂ© close, est encore une expression du vital, c’est que celui-ci a Ă©tĂ© redĂ©fini entre l’Évolution crĂ©atrice et Les deux sources, passant d’un Ă©lan vers la vie sociale Ă  un Ă©lan qui contient lui-mĂȘme un germe moral, puisque selon le dernier ouvrage toute morale [
] est d’essence biologique »52 et que le contact avec le principe vital est devenu la seule source oĂč puiser la force d’aimer l’humanitĂ© »53. Si l’effort qui prĂ©side Ă  ce contact est dĂ©crit par Bergson comme effort en sens inverse de la nature, c’est dans la mesure oĂč la natura naturans effectue sa poussĂ©e contre l’inertie de la natura naturata ainsi, la morale de l’aspiration qui unit les individus d’un bon sens supĂ©rieur est dite rendre l’individu Ă  sa destination naturelle en le rendant crĂ©ateur, en accord avec l’univers dans sa dimension de machine Ă  faire des dieux »54. Par consĂ©quent, la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire, tous les deux naturels en ces deux sens opposĂ©s, exprime la spĂ©cificitĂ© de l’espĂšce humaine en laquelle coexistent, en tant qu’elle est une espĂšce sociale, Ă©lan tension vers la sociĂ©tĂ© ouverte Ă  travers des personnalitĂ©s gĂ©niales et retombĂ©e tendance Ă  la clĂŽture. C’est dans un rapport croisĂ© entre le moi » et la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et sociale que s’exprime l’entrecroisement de ces deux naturels ainsi, le bon sens supĂ©rieur, qui favorise l’action en direction du progrĂšs de tous, est naturel dans la mesure oĂč il naĂźt d’un contact avec la rĂ©alitĂ© mouvante qui fait le fond des choses et les couches profondes du moi, ce qu’il y a de plus personnel, tandis que le bon sens ordinaire, qui vise un but essentiellement individuel l’adaptation en vue de la survie, est le produit d’une solidification naturelle du moi par le biais de normes et de processus d’adaptation essentiellement impersonnels exerçant une force d’inertie, ou plutĂŽt entraĂźnant dans un mouvement circulaire. Si la crise mystique qui prĂ©cĂšde l’apparition du bon sens supĂ©rieur n’est pas sans rappeler l’explosion crĂ©atrice du moi d’en bas, dans l’Essai, c’est peut-ĂȘtre parce qu’elle constitue la forme finale prise par l’acte libre dans la pensĂ©e bergsonienne, dans la mesure oĂč elle est pensĂ©e Ă  partir de la prise en compte de la pression fondamentale que la sociĂ©tĂ© exerce sur la constitution mĂȘme de l’individu Ă  laquelle participe le bon sens ordinaire qui n’avait pas encore Ă©tĂ© analysĂ©e au moment de l’Essai55. Exprimant les deux sens de la nature en l’homme, la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur rĂ©pond finalement Ă  la constatation de ce que la morale comprend [
] deux parties distinctes, dont l’une a sa raison d’ĂȘtre dans la structure originelle de la sociĂ©tĂ© humaine et dont l’autre trouve son explication dans le principe explicatif de cette structure »56. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 14Cette distinction permet Ă©galement de rĂ©soudre le problĂšme du rapport du bon sens Ă  la pratique artistique c’est le bon sens supĂ©rieur, qui rĂ©sulte d’un contact avec le principe crĂ©ateur de la vie et produit des actes moraux prenant Ă  leur tour la forme de crĂ©ations Ă  la fois de normes nouvelles et d’un nouveau moi, qui est dans la vie pratique, ce que le gĂ©nie est dans les sciences et les arts »57 selon la formule du discours, et c’est le bon sens ordinaire qui, Ă©tant liĂ© Ă  la perception utilitaire de la rĂ©alitĂ© qu’il contribue Ă  morceler avec souplesse, s’oppose Ă  la pratique artistique comme au rĂȘve, selon les analyses du Rire. 58 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 15La question de savoir si la supĂ©rioritĂ© morale ne peut surgir que d’un effort dirigĂ© contre le bon sens ordinaire, antĂ©rieurement dĂ©fini comme Ă©tat normal de l’esprit humain et santĂ© psychologique, et ses prĂ©occupations utilitaires, engage la viabilitĂ© de la morale bergsonienne. En effet, si la santĂ© mentale d’un individu est liĂ©e Ă  sa disponibilitĂ© passive Ă  l’égard de l’environnement social et si le fondement de l’aspiration morale qui gĂ©nĂšre le bon sens supĂ©rieur est la libĂ©ration Ă  l’égard de l’utilitĂ© vitale et des normes sociales, alors apparaĂźt la possibilitĂ© d’un conflit sous-jacent dans la pensĂ©e bergsonienne entre les dĂ©finitions de l’individu normal et de l’individu moral. En ce qui concerne la problĂ©matique de la santĂ© mentale, le principal interlocuteur, ou adversaire, de Bergson est Pierre Janet qui a pour ambition, dans De l’angoisse Ă  l’extase, de mettre Ă  jour la racine pathologique du dĂ©lire mystique qu’il apparente Ă  un trouble psychasthĂ©nique. À ce titre, il note que les croyances brutales » de sa patiente Madeleine, qu’il compare Ă  ThĂ©rĂšse d’Avila, prĂ©sentent en maints endroits des contradictions et ne tiennent aucun compte des rĂšgles vulgaires du bon sens »58, la principale caractĂ©ristique du discours mystique Ă©tant pour lui d’ĂȘtre une pensĂ©e en rĂ©gression, analogue Ă  celle des petits enfants et des sauvages »59. Pour lui rĂ©pondre, Bergson tente d’abord de distinguer l’anormal de l’extraordinaire, puis finit par admettre qu’en tant que passage Ă  l’extraordinaire c’est-Ă -dire au dynamique et Ă  l’ouvert, la violence mĂȘme du processus de libĂ©ration mystique peut gĂ©nĂ©rer l’apparition de symptĂŽmes anormaux au sens de morbides et dĂ©ranger les rapports habituels entre conscient et inconscient »60. Il est intĂ©ressant de constater que c’est de la prĂ©sence, chez les mystiques, du bon sens supĂ©rieur sous la forme d’un goĂ»t de l’action », c’est-Ă -dire de ce par quoi le bon sens supĂ©rieur ressemble au bon sens ordinaire, que Bergson cherche Ă  tirer argument pour justifier la santĂ© mentale des mystiques contre Janet. Mais, comme le note celui-ci contre l’idĂ©e que la foisonnante activitĂ© des mystiques serait le signe de leur santĂ© mentale l’état proprement psychasthĂ©nique n’est pas constant et un malade [
] peut ĂȘtre en dehors de ces crises assez actif et persĂ©vĂ©rant pour accomplir des Ɠuvres intĂ©ressantes »61. Mais l’originalitĂ© du bon sens supĂ©rieur est d’unir, dans le prolongement de la crise mĂȘme » au sens oĂč l’entend Janet, l’ajustement de l’action au rĂ©el et la visĂ©e plus haute inspirĂ©e par l’amour. C’est pourquoi Bergson va plus loin dans sa rĂ©ponse et avance que le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle solidement assise, exceptionnelle, qui se reconnaĂźt sans peine »62. Et, en effet, si l’on considĂšre que l’aspiration morale est une forme de santĂ© dans la mesure oĂč elle est contact avec l’élan vital, nature naturante supĂ©rieure Ă  la circularitĂ© de la nature naturĂ©e, et, dans la mesure oĂč cette santĂ© est rĂ©servĂ©e Ă  une Ă©lite, alors se comprend le fait qu’il existe une santĂ© mentale en un sens non mĂ©taphorique se caractĂ©risant par l’exception et non par la moyenne cette santĂ© est normale en un sens normatif sans ĂȘtre normal en un sens statistique. Mais si le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle », de quel genre d’état mental s’agit-il ? L’intelligence Ă  laquelle Bergson fait rĂ©fĂ©rence ici ne peut pas ĂȘtre celle qui soumet le rĂ©el Ă  son dĂ©coupage utilitaire, mais au contraire une intelligence qui parvient Ă  retrouver, entre les lignes de ce morcellement, le rĂ©el mouvant. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 16L’équilibre des facultĂ©s qui caractĂ©risait le bon sens ordinaire se transforme dans le bon sens supĂ©rieur en un Ă©quilibre d’un autre genre »63 auquel Bergson fait allusion au dĂ©but des Deux sources, sans le lier Ă  la problĂ©matique du bon sens supĂ©rieur qui n’a pas encore Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e, ainsi que le suggĂšre allusivement le dĂ©but des Deux sources, prĂ©cisant toutefois au sujet de l’effort qui permet de s’enfoncer ainsi en soi Ă  la dĂ©couverte de son moi s’il est possible, il est exceptionnel »64. Il est possible d’avancer que cet Ă©quilibre d’un nouveau genre peut ĂȘtre liĂ© Ă  une forme de perception rĂ©elle quoiqu’anormale, justement parce qu’elle n’est pas contrainte par les exigences de l’action il doit y avoir, soit dans le corps, soit dans la conscience qu’il limite, des dispositifs spĂ©ciaux dont la fonction est d’écarter de la perception humaine les objets soustraits par leur nature Ă  l’action de l’homme. Que ces mĂ©canismes se dĂ©rangent, la porte qu’ils maintenaient fermĂ©e s’entrouvre quelque chose passe d’un en dehors », qui est peut ĂȘtre un au-delĂ  ». C’est de ces perceptions anormales que s’occupe la science psychique »65. Ce qui serait ordinairement jugĂ© pathologique, Ă  savoir ces perceptions anormales », reçoit finalement une justification morale, puisque ces perceptions Ă©manent de la santĂ© supĂ©rieure que constitue l’équilibre supĂ©rieur de l’esprit mystique soustrait aux exigences d’utilitĂ©. Cela signifie non seulement que le normal psychologique qui n’est que l’état moyen de l’esprit des individus rivĂ©s Ă  leur intĂ©rĂȘt n’a pas Ă  recevoir un statut normatif, mais surtout que le moral est une norme qui enjoint de dĂ©passer purement et simplement l’équilibre normal de l’esprit, le rĂ©el se trouvant modifiĂ© Ă  son tour parce qu’étendu Ă  ce que les exigences vitales rejetaient. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson l’attachement Ă  la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms di ... 17L’anormal est peut-ĂȘtre mĂȘme alors plus rĂ©el que le rĂ©el morcelĂ© par les exigences vitales, auquel l’état normal de l’esprit donne accĂšs, car tout se passe comme si l’équilibre humain, comme si la normalitĂ© engendrĂ©e par cet Ă©quilibre cessait d’ĂȘtre viable ; Ă  un niveau plus profond, il est perçu et vĂ©cu comme un dĂ©sĂ©quilibre en tant que son modus vivendi ne cesse de rĂ©primer les forces crĂ©atrices au sein de l’individu »66. Ériger l’anormal en norme morale permet donc Ă  Bergson de modifier en retour la dĂ©finition du normal par la mise en question de la validitĂ© de la perception normale c’est-Ă -dire habituelle elle-mĂȘme, qui Ă©tait au fondement Ă  la fois de la dĂ©finition de l’adaptation au rĂ©el, mais aussi du rĂ©el lui-mĂȘme. Ce renversement illustre finalement pleinement la contradiction qu’on trouve au sein de l’Ɠuvre bergsonienne entre le vital compris comme ensemble d’exigences d’utilitĂ© pour la survie individuelle et d’autre part comme Ă©lan crĂ©ateur le second l’emporte finalement sur le premier puisque l’aspiration morale contribue Ă  dĂ©faire le dĂ©coupage utilitaire du rĂ©el et donne ainsi accĂšs Ă  l’élan vital lui-mĂȘme. Haut de page Notes 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, L’énergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, c’est veiller, c’est vivre la vie psychologique normale, c’est lutter, c’est vouloir ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, ƒuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [l’impulsif et le rĂȘveur] se place l’heureuse disposition d’une mĂ©moire assez docile pour suivre avec prĂ©cision les contours de la situation prĂ©sente, mais assez Ă©nergique pour rĂ©sister Ă  tout autre appel. Le bon sens, ou sens pratique, n’est vraisemblablement pas autre chose ». 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă  la vie », ƒuvres, op. cit., p. 475. 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296‑302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127‑128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous n’ont pas Ă©galement le sens du rĂ©el, le bon sens ». Pierre Janet remarque chez les psychasthĂ©niques un caractĂšre fondamental, difficile Ă  expliquer, [
] le caractĂšre de la paresse » La force et la faiblesse psychologiques, Paris, Ă©ditions mĂ©dicales Norbert Maloine, 1932, p. 275. 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore n’attribuer Ă  l’aliĂ©nation que des causes biologiques, Ă  savoir la perturbation des relations sensori-motrices Ă©tablies dans l’organisme » p. 313. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de l’universitĂ© d’Ottawa, 1974, p. 115 et suiv. 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 20 Le Rire, op. cit., p. 457‑458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă  la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discours de 1895, il est mĂȘme possible d’envisager que c’est en hommage au bon sens analysĂ© par Descartes dans le Discours de la mĂ©thode que Bergson a conservĂ© le terme bon sens » pour dĂ©signer l’équilibre psychique qu’il dĂ©crit. Les rĂ©fĂ©rences Ă  la problĂ©matique cartĂ©sienne du bon sens abondent dans le discours de 1895 le concept d’attention peut suggĂ©rer un arriĂšre plan cartĂ©sien, et Bergson y Ă©voque l’urgence de l’action en des termes qui rappellent ceux de Descartes pour qui les actions de la vie ne souffrent aucun dĂ©lai ». Dans le discours de 1895, Bergson dĂ©signe le bon sens comme une ignorance consciente d’elle-mĂȘme », termes qu’il rĂ©pĂ©tera Ă  l’identique dans son hommage Ă  Descartes en 1937, lorsqu’il fait de celui-ci l’auteur de l’idĂ©e selon laquelle la vraie connaissance a moins de rapport avec une information superficiellement encyclopĂ©dique qu’avec une ignorance consciente d’elle-mĂȘme ». Dans Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson ne nie pas directement que le bon sens soit la chose du monde la mieux partagĂ©e », mais il affirme que, si le bon sens est une facultĂ© innĂ©[e] et universel[le] », celle-ci est empĂȘchĂ©e par certains obstacles, notamment les prĂ©jugĂ©s et la distraction avec laquelle l’individu les reçoit l’universalitĂ© en droit du bon sens s’accorde bien avec l’idĂ©e que le bon sens reprĂ©sente une sorte de santĂ© mentale. Mais, Ă  la diffĂ©rence du bon sens cartĂ©sien, le bon sens bergsonien ne nĂ©cessite pas l’adoption d’une mĂ©thode l’adaptation Ă  la rĂ©alitĂ© qui rĂ©sulte du bon sens est spontanĂ©e, l’action qui en est issue tranche, brise le cercle, puisqu’elle est puissance d’invention de solutions. En outre, il n’est pas Ă  proprement parler une facultĂ©, que l’on pourrait rabattre soit sur l’intelligence, soit sur l’intuition, mais bien plutĂŽt un Ă©tat d’équilibre entre facultĂ©s, tempĂ©rant l’action de chacune en vue d’une bonne adaptation. 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452‑453. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, op. cit., p. 115 et suiv. 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de progrĂšs social, il ne peut tirer sa force que du principe mĂȘme de la vie sociale, l’esprit de justice ». 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175‑176. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de l’éducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă  conduire les uns par un artifice, lĂ  oĂč d’autres sont tout de suite placĂ©s par nature ». 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [
] s’est demandĂ© ce que tel ou tel eĂ»t attendu de lui en pareille occasion ». 46 Ibid., p. 1060. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur l’analyse de la rupture d’une promesse ou celle du suicide dans Les fondements de la mĂ©taphysique des mƓurs et dans le chapitre premier de l’Analytique de la Critique de la raison pratique. Il critique Kant en affirmant que jamais [
] on ne sacrifierait au seul besoin de cohĂ©rence logique son intĂ©rĂȘt, sa passion. » Les deux sources, op. cit., p. 994. 48 Cf. Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă  la partie la plus intime de lui-mĂȘme que l’individu retrouve quand sa conscience, travaillant en profondeur, lui rĂ©vĂšle, Ă  mesure qu’il descend davantage, une personnalitĂ© de plus en plus originale, incommensurable avec les autres et d’ailleurs inexprimable » Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 986. 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 58 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson l’attachement Ă  la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms dir., Annales bergsoniennes, tome 4, Paris, PUF, 2009, p. 689. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie d’Henri Bergson », Philonsorbonne, 6 2012, 83-96. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie d’Henri Bergson », Philonsorbonne [En ligne], 6 2012, mis en ligne le 04 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 23 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page DerniĂšre mise Ă  jour 07/06/2021 ‱ ProposĂ© par Pierre-Jean Haution professeur Texte Ă©tudiĂ© D’oĂč viennent les idĂ©es qui s’échangent? Il ne faut pas croire que la vie sociale soit une habitude acquise et transmise. L’homme est organisĂ© pour la citĂ© comme la fourmi pour la fourmiliĂšre, avec cette diffĂ©rence pourtant que la fourmi possĂšde les moyens tout faits pour atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu’il faut pour les rĂ©inventer et par consĂ©quent pour en varier la forme. Chaque mot de notre langue a donc beau ĂȘtre conventionnel, le langage n'est pas une convention, et il est aussi naturel Ă  l'homme de parler que de marcher. Or quelle est la fonction primitive du langage? C'est d’établir une communication en vue d'une coopĂ©ration. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il dĂ©crit. Dans le premier cas, c’est l’appel Ă  l’action immĂ©diate, dans le second, c’est le signalement de la chose ou de quelqu’une de ses propriĂ©tĂ©s, en vue de l'action future. Mais, dans un cas comme dans l’autre, la fonction est industrielle, commerciale militaire, toujours sociale. Les choses que le langage dĂ©crit ont Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©es dans le rĂ©el par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriĂ©tĂ©s qu'il dĂ©crit sont les appels de la chose Ă  une activitĂ© humaine. Le mot sera donc le mĂȘme ... quand la dĂ©marche suggĂ©rĂ©e sera la mĂȘme, et notre esprit attribuera Ă  des choses diverses la mĂȘme propriĂ©tĂ©, se les reprĂ©sentera de la mĂȘme maniĂšre, les groupera enfin sous la mĂȘme idĂ©e, partout oĂč la suggestion du mĂȘme parti Ă  tirer, de la mĂȘme action Ă  faire, suscitera le mĂȘme mot. Telles sont les origines du mot et de l'idĂ©e. Bergson, La PensĂ©e et le Mouvant Ce corrigĂ© est disponible sur un site externe Ă  20aubac. En cas de problĂšme d'accĂšs Ă  la page originale, vous pouvez accĂ©der aux copies enregistrĂ©es. Consultez ce corrigĂ© Copie Copie format PDF EnoncĂ© & travail prĂ©liminaire J'ai rĂ©digĂ© correctement l'introduction ainsi que la conclusion, et mis les Ă©tapes de mon dĂ©veloppement avec leurs arguments et leurs exemples. Pouvez-vous me dire ce que vous en pensez ? Ce que vous changeriez, ce que vous ajouterez etc. Merci beaucoup. "Peut-on dire du langage qu'il n'est qu'un dĂ©guisement de la pensĂ©e ? Intro Parler de dĂ©guisement, c'est Ă©voquer ce qui masque, ce qui travestit. Ainsi, lorsqu'on dit d'une personne qu'elle est dĂ©guisĂ©e, on souligne qu'elle n'apparaĂźt pas telle qu'elle est en rĂ©alitĂ©, mais qu'elle s'est donnĂ©e une autre apparence. DĂšs lors, dire du langage qu'il est le dĂ©guisement de la pensĂ©e, c'est dire qu'il donne une apparence particuliĂšre Ă  la pensĂ©e et qu'il la travestit. Or, le langage nous apparaĂźt avant tout comme un moyen de communication. Parler c'est dire, extĂ©rioriser ce que l'on pense. En ce sens, il nous arrive souvent de dire que nous ne parvenons pas Ă  rendre compte exactement de ce que nous pensons par les mots que nous possĂ©dons, que le langage dĂ©forme la pensĂ©e. Il semblerait alors qu'on puisse souscrire Ă  cette propriĂ©tĂ© du langage. NĂ©anmoins il est difficile de croire que nous puissions penser sans recourir au langage. En ce cas, si le mot donne forme Ă  la pensĂ©e que faut-il entendre par pensĂ©e ? DĂ©veloppement I/ Le langage transforme la pensĂ©e -Nous considĂ©rons souvent que le langage est limitĂ© et impose des formes qui sont Ă©trangĂšres ou diffĂ©rentes de ce que nous voudrions pouvoir dire. Nous Ă©prouvons sans cesse des difficultĂ©s Ă  dire prĂ©cisĂ©ment nos sentiments, nos Ă©motions? -Bergson les mots figent la rĂ©alitĂ©, la transforme. Le mot est fixe alors que la rĂ©alitĂ© est mouvante. -Dire que le langage est le dĂ©guisement de la pensĂ©e, cela prĂ©suppose que le rapport langage/pensĂ©e est celui du masque au visage. Cela Ă©tant, cette inadĂ©quation peut-ĂȘtre volontairement utilisĂ©e. Le langage est parfois ce que je peux manipuler pour dissimuler ma personnalitĂ©, mes intentions et plus gĂ©nĂ©ralement ma pensĂ©e. -Limite de cette thĂšse l'ineffable est flou, pensĂ©e informe, impĂ©nĂ©trable, non vrai, qui appartient Ă  l'imagination, savoir douteux II/ Le langage donne forme Ă  la pensĂ©e -Le langage est explicite, il dĂ©veloppe, actualise, en un mot donne forme Ă  nos pensĂ©es. Ce qui n'est pas formulĂ© est informe, obscure, inachevĂ©. Ainsi la pensĂ©e ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. - On peut m'enlever ma libertĂ© d'expression, mais pas ma libertĂ© de penser. » Expression fausse, car on ne peut penser si nous n'avons pas les mots. -Hegel et Sartre les mots donnent Ă  la pensĂ©e son existence la plus rĂ©elle et la plus riche. III/ DĂšs lors que faut-il entendre par pensĂ©e ? -PensĂ©e, dans le sens des idĂ©es, sentiments, des Ă©motions intĂ©rieurs que les mots ne peuvent traduirent. -PensĂ©e qui sou tend un discours. Sans cela, ma pensĂ©e stagne, n'Ă©volue pas. C'est en confrontant ma pensĂ©e Ă  d'autres pensĂ©es diffĂ©rentes, par le biais des mots, que je vais avancer. Conclusion Dans la mesure oĂč on peut affirmer que le langage ne retient de nos Ă©tats d'Ăąme idĂ©es, sentiments et Ă©motions, que ce qui peut ĂȘtre communiquĂ© et qui trouve une expression dans le dictionnaire, le langage se rĂ©vĂšle bien un dĂ©guisement pour la pensĂ©e puisqu'il la masque, la dissimule. NĂ©anmoins on ne peut nier que le mot Ă©clairci la pensĂ©e qui est au dĂ©part obscure, afin de la faire Ă©voluer." Ce sujet ne comporte aucun Ă©change pour le moment. Vous pouvez intervenir en vous connectant Ă  votre compte. Je me connecte Le corrigĂ© sujet 1 ProblĂ©matique Le dĂ©sir est un mouvement qui nous pousse vers quelqu’un ou quelque chose, vers un objet rĂ©el ou imaginĂ©, ou encore vers une action. Il se distingue du besoin qui renvoie Ă  un cycle naturel et Ă  la nĂ©cessitĂ© de notre propre nature. Platon dĂ©finit le dĂ©sir comme un manque qui incite, Ă  la maniĂšre d’Eros, Ă  rechercher la jouissance. Ainsi le dĂ©sir, par le choix qu’il permet de son objet se diversifie, s’amplifie jusqu’à parfois devenir dĂ©mesurĂ© sans ĂȘtre jamais pleinement satisfait. Il est donc paradoxal de parler d’un dĂ©sir naturel si l’on considĂšre que la nature du dĂ©sir est de transformer le rĂ©el en objet de satisfaction et de nous rendre dĂ©pendant de cet objet ; le problĂšme est que l’on confond le dĂ©sir et son objet. Que signifie dĂ©sir naturel ? Est-ce le dĂ©sir lui-mĂȘme qui peut ĂȘtre dĂ©fini de façon positive comme la nature, l’essence mĂȘme de l’homme » Spinoza ou bien son objet, ce sur quoi il porte qui appartient Ă  la nature et que l’homme pourrait lĂ©gitimement dĂ©sirer contrairement aux objets qu’il façonne artificiellement lui-mĂȘme ? Cela revient Ă  se demander, que dĂ©sirons nous vraiment ? Est-ce l’objet de nos dĂ©sirs qui est naturel, ou bien le dĂ©sir lui-mĂȘme ? Avons-nous alors la possibilitĂ© de maĂźtriser ce qui est de l’ordre de la nĂ©cessitĂ© et qui se dresse face Ă  la dominante raison comme son envers affectif, sentimental voire passionnel ? Dans un premier temps on peut s’interroger sur la possibilitĂ© de concevoir l’existence de dĂ©sirs naturels puis nous nous interrogerons sur la nature mĂȘme du dĂ©sir pour enfin relever la valeur de tels dĂ©sirs relativement Ă  la connaissance et la maĂźtrise de soi que l’on nomme sagesse sophia. Plan possible I. L’existence de dĂ©sirs naturels 1. Le dĂ©sir est un manque, il se distingue du besoin et peut porter sur des objets sensibles ou intelligible dĂ©sir d’IdĂ©es . Pour Platon, seul ce dernier est naturel c’est-Ă -dire conforme Ă  la nature de l’ñme. Les dĂ©sirs qui portent sur des objets sensibles, pĂ©rissables vont contre nature et peuvent conduire, par leur dĂ©mesure, Ă  notre propre perte. 2. Le dĂ©sir naturel est clairement dĂ©fini par Epicure dans la lettre Ă  MĂ©nĂ©cĂ©e ; lĂ  encore, s’il se distingue du besoin. Le dĂ©sir naturel est tout autant lĂ©gitime, il s’oppose au dĂ©sir vain et sa satisfaction constitue la clĂ© du bonheur. Parmi ces dĂ©sirs naturels certains sont nĂ©cessaires, d’autres sont simplement naturels » affirme Epicure. Cette hiĂ©rarchie des dĂ©sirs permet au sage de savoir quels sont les dĂ©sirs qu’il faut satisfaire s’ils sont nĂ©cessaires boire, manger il faut leur donner satisfaction s’ils sont simplement naturels, il faut se poser la question de savoir quel plaisir sa satisfaction peut nous procurer. 3. Qu’ils soient naturels ou non l’objet du dĂ©sir est le critĂšre semble-t-il pour juger nos dĂ©sirs et leur donner ou non satisfaction. Ainsi pour Descartes, mieux vaut les changer plutĂŽt que l’ordre du monde » lorsque nos dĂ©sirs sont vains, c’est-Ă -dire nous rendent dĂ©pendant des conditions extĂ©rieures de leur rĂ©alisation. Il ne faut dĂ©sirer que ce que nous savons pouvoir obtenir par nous-mĂȘme. Mais alors, grĂące Ă  cette maĂźtrise, pouvons-nous encore lĂ©gitimement dĂ©sirer ? II. Le dĂ©sir est naturel, il est l’essence de l’homme » 1. Le dĂ©sir est souvent dĂ©criĂ© car il nous rend esclave ; attachĂ© Ă  son objet nous sommes pris dans l’engrenage de la recherche de satisfaction. Mais n’est-ce pas justement cette absence qui confĂšre son charme Ă  l’ĂȘtre dĂ©sirĂ© et qui l’aurĂ©ole des prestige de l’imagination ? C’est ce que relĂšve Rousseau Ă  propos de Julie dans la nouvelle HĂ©loĂŻse. L’hĂ©roĂŻne du roman se console du sacrifice de sa passion car le vĂ©ritable bonheur est dans le rĂȘve que suscite le dĂ©sir, non dans la jouissance Malheur Ă  celui qui n’a plus rien Ă  dĂ©sirer », Ă©crit Rousseau. 2. Le dĂ©sir naturel peut signifier qu’il n’y a pas de bons ni de mauvais dĂ©sirs, mais qu’il dĂ©signe l’essence mĂȘme de l’homme comme l’affirme Spinoza. Le dĂ©sir est dĂ©fini comme l’effort conscient par lequel un ĂȘtre persĂ©vĂšre dans son ĂȘtre conatus et produit des effets qui dĂ©coulent de son essence mĂȘme. Le dĂ©sir est naturel, et par lĂ -mĂȘme nous ne pouvons pas nous empĂȘcher de dĂ©sirer, pas plus que nous pourrions nous empĂȘcher d’ĂȘtre. Ainsi la condamnation du dĂ©sir ne peut dĂ©pendre de son objet car nous ne dĂ©sirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais nous la jugeons bonne parce que nous la dĂ©sirons . III. Valeurs et importance des dĂ©sirs naturels 1. Si nous ne confondons plus nos dĂ©sirs et leurs objets ce sur quoi ils portent il est possible de considĂ©rer autrement leur valeur. Selon Hegel, l’objet naturel du dĂ©sir n’est pas un objet du monde extĂ©rieur tel met, telle femme, mais le dĂ©sir lui-mĂȘme. Ainsi le dĂ©sir porte sur un autre dĂ©sir, sur une autre conscience, et accĂšde ainsi Ă  sa propre vĂ©ritĂ© le dĂ©sir devient conscience de soi. Le sens du dĂ©sir est alors la quĂȘte de la reconnaissance. La nature du dĂ©sir est d’ĂȘtre reconnu par une personne, comme une personne, un pur ĂȘtre pour soi » et non comme un corps. Or, selon Hegel, c’est dans la lutte Ă  mort que les individus peuvent obtenir cette reconnaissance. 2. Le dĂ©sir, manque en gĂ©nĂ©ral ne se rapporte pas Ă  un objet particulier. Comme le montre Nicolas Grimaldi Ă  propos de la lecture de Marcel Proust, ce que l’homme dĂ©sire ce n’est pas telle femme en particulier, mais toute les femmes, les paysages qui les entoure, l’atmosphĂšre qui se dĂ©gage de sa prĂ©sence. Un dĂ©sir naturel est donc le fait mĂȘme de dĂ©sirer, comme le montre enfin RenĂ© Girard par l’exemple familier des enfants qui lorsqu’ils jouent se disputent des jouets semblables et en quantitĂ© suffisante. Le fondement du dĂ©sir et ni dans l’objet, ni dans le sujet mais dans l’imitation d’un autre dĂ©sir. Le dĂ©sir est mimĂ©tique. En conclusion Il s’agissait de bien dĂ©finir dĂ©sir et besoin afin de ne pas confondre dĂ©sir naturel et nĂ©cessitĂ© de satisfaire une tendance d’ordre physiologique. Mais le dĂ©sir dĂ©fini comme manque n’est pas seulement jugĂ© relativement Ă  son objet, au risque de condamner ce qui est le propre mĂȘme de l’homme. Le dĂ©sir n’est pas tant ce qui s’oppose Ă  la raison que ce qui contribue Ă  dĂ©finir l’homme, en dehors du cercle nĂ©cessaire de l’animalitĂ©, comme un ĂȘtre de libertĂ©. Sujet 2 ProblĂ©matique Le travail est dĂ©fini au sens large comme activitĂ© humaine consistant Ă  transformer la rĂ©alitĂ© pour se rendre comme maĂźtre et possesseur de la nature » Descartes. A la diffĂ©rence des animaux, l’homme utilise la technique pour exploiter et amĂ©liorer le fruit de son travail. Ainsi, il y a toujours une utilitĂ© visĂ©e en un but dans l’activitĂ© mĂȘme de travailler qui est celle d’un cercle vertueux travail / fabrication et technique / augmentation de l’efficacitĂ© du travail / nouvelle amĂ©lioration technique, etc. Si utile signifie ce qui sert Ă  quelque chose », ce qui produit un rendement, il faut alors considĂ©rer que travailler c’est ĂȘtre utile et que cette utilitĂ© est une production d’un effet attendu. Mais faut-il pour autant rĂ©duire cette activitĂ© Ă  cette seule fin ? Le travail certes, s’oppose au loisir, au jeu, activitĂ©s agrĂ©ables qui ne produisent rien, qui ne servent Ă  rien, qui seraient alors inutiles ? Par ailleurs, le travail marque l’entrĂ©e de l’homme dans la culture, c’est-Ă -dire qu’il Ă  un sens non seulement pour satisfaire ses besoins mais aussi pour passer de la nature Ă  la culture, pour l’homme de l’animalitĂ© Ă  l’humanitĂ©. On peut donc se demander quelle utilitĂ© vise le travail, puis si travailler est seulement utile sans autre fonction pour enfin relever la vĂ©ritable dignitĂ© du travail. Plan possible I. Travailler est utile 1. L’origine de la citĂ© pour Platon est la satisfaction des besoins qui est permise par la rĂ©partition des tĂąches. Ainsi travailler est bien utile aux hommes pour vivre en communautĂ© et cela correspond Ă  une exigence rationnelle. Dans la RĂ©publique, il explique cette nĂ©cessitĂ© de diviser le travail le rĂ©sultat est que des biens seront produits en grande quantitĂ©, qu’ils seront de meilleure qualitĂ© et produits plus facilement si chacun ne s’occupe que d’une chose, selon ses dispositions naturelles et au moment opportun. » 2. Le travail n’est cependant pas seulement utile pour la citĂ©, il l’est pour la survie de l’espĂšce. Dans le mythe de PromĂ©thĂ©e, que Platon relate dans le dialogue Protagoras, le travail a pour origine la faiblesse des hommes. Contrairement aux autres espĂšces, l’homme Ă  l’origine est nu, sans vĂȘtement, sans dĂ©fense, il ne doit sa survie qu’à ses propres forces. Or PromĂ©thĂ©e va dĂ©rober aux dieux le feu nĂ©cessaire au travail des outils, c’est l’entrĂ©e dans la mĂ©tallurgie, l’agriculture et finalement la culture qui permettra aux hommes de supplĂ©er Ă  leur faiblesse originaire. 3. Le travail permet aux hommes la domination de la nature. Comme l’affirme Descartes le travail permet la maĂźtrise de la nature. L’utilitĂ© est ainsi dĂ©finie non pas comme le but final de l’homme qui reste la connaissance par la raison mais comme moyen d’agir efficacement sur la rĂ©alitĂ©. Cette action doit s’exercer sur la nature corporelle de l’homme lorsqu’elle permet de maĂźtriser le corps comme une matiĂšre matiĂšre mĂ©canique. II. Travailler n’est pas seulement utile 1. Pour Adam Smith , une chose peut-ĂȘtre Ă©changĂ©e contre une certaine quantitĂ© de travail. L’utilitĂ© du travail n’est alors seulement la production de biens mais il a aussi une certaine valeur. Le travail d’autrui procure des jouissances car un homme sera riche ou pauvre selon la quantitĂ© de travail qu’il pourra commander ou qu’il sera en Ă©tat d’acheter. » Ainsi, ce n’est pas travailler qui est utile mais faire travailler autrui. C’est le travail qui est la mesure rĂ©elle de l’échange ; le travail est la monnaie premiĂšre de toute chose. 2. Travailler, c’est l’effort, la peine qui permettent une certaine estime de soi. Pour Kant la nature a voulu que l’homme tire entiĂšrement de lui-mĂȘme tout ce qui dĂ©passe l’agencement mĂ©canique de son existence animale ». Kant oppose l’instinct et la raison comme l’animal Ă  l’homme ; or, travailler est le signe de l’autonomie, le moyen accordĂ© par la nature afin que l’homme puisse faire usage de sa raison. L’homme par le travail devient autonome, est lui-mĂȘme auteur de ses progrĂšs, de ses succĂšs et se libĂšre du cercle des besoins. De ce fait, il parvient Ă  l’estime raisonnable de soi-mĂȘme. 3. Le travail avait Ă©tĂ© caractĂ©risĂ© par A. Smith en distinguant l’utilitĂ© d’un objet quelconque et ce que cet objet transmet Ă  celui qui le possĂšde et peut acheter d’autres choses valeur d’échange. Or ce n’est pas l’utilitĂ© mais la valeur d’échange qui domine dans le travail. Quoique essentielle, l’utilitĂ© d’un objet ne suffit pas Ă  en faire la seule finalitĂ©. C’est le travail qui est la source principale de la valeur. III. La dignitĂ© du travail 1. Marx considĂšre que ce qui fait la valeur du travail n’est pas tant l’utilitĂ© que l’intervention de la volontĂ©. Ce qui fixe le but de l’activitĂ© humaine se distingue de l’activitĂ© animale. L’animal par ses activitĂ©s satisfait ses besoins, l’homme, par son travail modifie sa propre nature, il dĂ©veloppe, dit Marx, les facultĂ©s qui y sommeillent. » 2. Le travail dont le produit est vouĂ© Ă  la consommation et doit ĂȘtre constamment renouvelĂ© se distingue de l’Ɠuvre, destinĂ©e Ă  subsister. Telle est la diffĂ©rence essentielle qu’établit Hannah Arendt. Les Ɠuvres donnent une existence Ă  un monde proprement humain et Ă©chappent aussi au seul but utilitaire. 3. Enfin on peut noter la valeur psychique du travail, par exemple chez Freud qui voit dans l’activitĂ© professionnelle un facteur puissant d’organisation des dĂ©sirs inconscients en vue de la rĂ©alitĂ©. Les capacitĂ©s que donne l’activitĂ© de travailler sont sans doute sans limite et façonnent l’esprit humain de maniĂšre consciente ou non. Conclusion Le travail ordinaire peut prendre la place du sage conseil de Voltaire il faut cultiver notre jardin » dans Candide. La signification du travail ne se rĂ©duit pas Ă  la seule utilitĂ©. Certes, la majoritĂ© des hommes ne travaillent pas s’ils ne sont pas poussĂ©s par la nĂ©cessitĂ©, mais le travaille n’engendrerait pas tous les problĂšmes sociaux ni toutes ces analyses q’il se rĂ©duisait Ă  la satisfaction des besoins, et si son sens n’allait pas au-delĂ  de l’utilitaire. L’aversion pour le travail qui semble pour beaucoup naturelle montre que le travail ne sert pas seulement de moyen pour atteindre une fin ; en tant que voie vers l’épanouissement, il semble un peu plus apprĂ©ciĂ© des hommes. Sujet 3 ProblĂ©matique Dans ce texte Berkeley met en parallĂšle la morale et les mathĂ©matiques, plus prĂ©cisĂ©ment la gĂ©omĂ©trie. Pour donner une rigueur formelle Ă  ce qui nous pousse Ă  agir, c’est-Ă -dire aux rĂšgles de nos actions, il les compare aux rĂšgles de la gĂ©omĂ©trie. En effet, celle ci sont Ă©ternelles », immuables » et universelles », c’est-Ă -dire valables pour tous, elles ne changent pas. Mais peut-on vĂ©ritablement comparer la gĂ©omĂ©trie qui est une science exacte Ă  la morale qui semble dĂ©pendre de la subjectivitĂ© et de la sensibilitĂ© de chacun ? le but de l’auteur est de justifier l’obĂ©issance passive en faisant comme si elle relevait d’un processus de dĂ©monstrations mathĂ©matique. Cet exemple de moralitĂ© interroge sur l’origine de ce qui nous pousse Ă  obĂ©ir. A qui faut-il obĂ©ir de maniĂšre inconditionnelle, sans douter, sans remettre en question un pouvoir suprĂȘme ? Y a-t-il une puissance lĂ©gitime Ă  laquelle nous devons nous soumettre de maniĂšre indubitable et avec l’application de rĂšgles aussi implacables que celles des mathĂ©matiques ? Plan possible I. Les rĂšgles morales et les propositions de gĂ©omĂ©trie. 1. Nul doute que les deux domaines exigent l’universalitĂ© et l’immutabilitĂ©. On ne peut que constater ces deux exigences en mathĂ©matique comme en morale. Cependant ces deux caractĂ©ristiques n’ont pas la mĂȘme valeur. Car le caractĂšre universel et absolu des mathĂ©matiques ont pour enjeu la vĂ©ritĂ©. En ce qui concerne la morale, l’enjeu est le bien, la justice. 2. L’exemple de la rĂ©sistance Ă©nonce une rĂšgle qui semble aussi rigoureuse qu’une proposition de gĂ©omĂ©trie car, malgrĂ© le caractĂšre particulier du tu dois », elle Ă©nonce une sentence que l’on peut universaliser sans contradiction logique. Il semble donc que cette rĂšgle soit opĂ©ratoire, c’est-Ă -dire que l’on puisse l’appliquer pour tous, en tout temps et en tout lieu. N’est-ce pas lĂ  une usurpation d’un droit Ă  la rĂ©sistance, en particulier lorsque le pouvoir suprĂȘme ici dĂ©signĂ© est abusif ou injuste ? 3. Mesurer la surface d’un triangle est une opĂ©ration valable pour tous les triangles, et mĂȘme, dit l’auteur, pour ceux qui ne sont pas conforme Ă  la dĂ©finition d’un triangle parfait. Mais en morale, est-ce la mĂȘme nĂ©cessitĂ© mathĂ©matique que l’on peut appliquer Ă  nos actions ? Berkeley fait comme si, seule la raison pouvait dĂ©cider de nos actions . II. Ce sont les perceptions sensibles qui nous permettent de connaĂźtre ou d’agir 1. En mettant sur le mĂȘme plan les exceptions en mathĂ©matique un champ qui n’est pas exactement un triangle et en morale le gouvernement renversĂ© ou le pouvoir suprĂȘme disputĂ© l’auteur veut montrer que ce sont les perceptions sensibles qui nous permettent de connaĂźtre ou d’agir. 2. Ce sont les faits qui nous permettent de connaĂźtre les propositions mathĂ©matiques comme par exemple l’existence du triangle. Berkeley s’inscrit dans la tradition des empiristes qui pensent que ce sont nos sens qui sont Ă  l’origine de nos idĂ©es. Mais avons nous de mĂȘme » une perception sensible des idĂ©es morales ? Il existe bien un gouvernement civil mais avons nous grĂące Ă  lui la connaissance de ce que nous devons faire ? 3. Il faut donc et il suffit pour l’auteur de savoir oĂč est le pouvoir suprĂȘme pour s’y conformer. C’est la perception de la rĂ©alitĂ© qui nous donne l’assurance de l’existence d’un tel pouvoir. Or qu’en est-il de la lĂ©gitimitĂ© et de la justice de ce pouvoir suprĂȘme ? En quoi faut-il obĂ©ir si la seule rĂšgle que l’on doit se prescrire dĂ©coule de la perception d’un pouvoir civil ? Le devoir d’obĂ©issance n’est-t-il pas une contrainte c’est-Ă -dire extĂ©rieur Ă  notre volontĂ© ? III L’enjeu pratique du parallĂšle entre morale et mathĂ©matique 1. Nous ne devons plus douter, nous devons obĂ©ir telle est la rĂšgle Ă  laquelle l’auteur prĂ©tend se soumettre. Or qu’en est-il de l’autonomie ? Berkeley explique, Ă  la maniĂšre des gĂ©omĂ©tres que l’obĂ©issance ne doit pas ĂȘtre contestĂ©e car il prĂ©tend la fonder sur les rĂšgles de la raison universalitĂ©, immutabilitĂ©. Or dans son usage thĂ©orique, laraison parvient Ă  faire abstraction de l’aspect sensible des individus, des dĂ©sirs, passions, des sentiments qui l’influence. Peut-il en ĂȘtre de mĂȘme en ce qui concerne son aspect pratique ? 2. L’usage de la raison en morale conduit l’homme non pas Ă  se soumettre mais Ă  l’autonomie. L’autonomie est dĂ©finie comme le devoir, c’est-Ă -dire l’obĂ©issance Ă  la rĂšgle que l’on s’est donnĂ©e soi-mĂȘme. Cependant, la raison ne doit alors ĂȘtre influencĂ©e par aucune raison extĂ©rieure. 3. Comme l’expliquera Hume, la raison ne relĂšve que de la vĂ©ritĂ© et non de ce qui est bon ou pas. Comment peut-elle juger en morale de ce que nous devons faire comme elle juge du vrai et du faux en mathĂ©matique ? Sous l’apparente rigueur du raisonnement mathĂ©matique, Berkeley prĂ©tend justifier l’obĂ©issance passive que requiert un pouvoir civil suprĂȘme. Cependant on a pu s’interroger sur l’enjeu de cette obĂ©issance qui, si elle maintient l’ordre et l’universalitĂ© d’une rĂšgle n’en est pas moins suspendue au caractĂšre sensible des individus et surtout Ă  l’arbitraire des pouvoirs qui les force Ă  obĂ©ir sans douter.

corrigé explication de texte bergson la pensée et le mouvant